19-10-2025
Article rédigé par Hervé Lascaux
Chaque année, lors de la dernière semaine du mois d’août, ce rendez-vous m’est devenu indispensable. Minieracustica, c’est, sur le papier, un stage autour du bluegrass comme on en connait d’autres. En réalité, c’est davantage comme une réunion de famille à laquelle de nouveaux cousins se joindraient chaque année. Quand on arrive, la première chose à faire avant de poser les valises est d’aller embrasser tous ceux qu’on a croisés l’an passé ou une autre année, et saluer ceux qu’on rencontre pour la première fois.
Avant d’entrer dans les considérations techniques : où est la chambre ?, la première question qui est posée est : vous voulez boire quelque chose ? Cette proposition est faite par Martina. Martina est l’organisatrice de l’évènement, celle qui durant toute une semaine va veiller à ce que tout se passe au mieux pour chacun, qui se démènera pour trouver la meilleure réponse à toute question, toujours dans la bonne humeur et la disponibilité.
Et puis, le lieu est magnifique, situé sur le site d’une ancienne mine dont le chevalet, conservé, est fort utile désormais pour s’abriter des rares ondées mais surtout du soleil plutôt ardent dans la région en fin d’été. Les bâtiments ont été transformés en chambres, chacune équipée d’une salle de bain. Le plus important abrite le restaurant. A la Miniera, c’est restaurant matin, midi et soir. La cuisine est élaborée sur place et si vous imaginez que la cuisine italienne se limite à la pizza, je peux apporter ici un démenti formel. Le seul inconvénient est que s’il on n’y prend garde, la gourmandise pourrait amener à des excès qui seraient durement ressentis une fois rentré à la maison.
Ah mais ne pensez pas qu’on est là en villégiature, c’est que ça bosse !
Les cours se déroulent chaque matin : guitare, banjo clawhammer et mandoline cette année.
Les choses sérieuses commencent. Il faut dire que les animateurs ne sont pas des dilettantes : Grant Gordy à la guitare, Victor Furtado au banjo et Jacob Joliff à la mandoline. Si ces noms ne vous sont pas familiers, je vous engage vivement à aller écouter leurs productions sur internet. (les ateliers proposés sont différents chaque année. On y a vu les années passées : Bruce Molsky, Darol Anger, Chris Eldridge, Dirk Powel, Noam Pikelny, Sierra Hull, Joe Walsh entre autres)
L’atelier de mandoline (celui que j’ai suivi) a été passionnant. En repartant des fondamentaux, Jacob a montré et démontré comment il construit un break, comment il utilise des « phrases» repérées dans les interprétations des standards par les grands mandolinistes et quel travail a nécessité l’acquisition de sa prodigieuse technique. Une semaine de travail à la mandoline qu’on n‘a pas vu passer.
A midi les « profs » proposent un éclairage sur un thème : le jazz, jouer ensemble, construire un morceau, autour d’une valse…
Les après-midi sont libres. On peut les passer à la piscine. Ah c’est vrai, je ne vous ai pas parlé de la piscine, elle est sur le site même, disponible en permanence et entourée de transats d’où la vue sur la montagne est imprenable…
Des activités autour de l’impression sont proposées, ( Le lieu renferme un intéressant ancien musée de l’imprimerie riche en machines). On peut aussi profiter de deux excursions à Gradara, magnifique village fortifié, où à Urbino, très belle ville de la renaissance (le marchand de glaces est au coin sur la place…).
Avant le repas c’est… l’apéro : des vins locaux accompagnés de fromages ou de gourmandises mitonnées par la cuisinière. Si le cœur vous en dit, il est possible de jouer un peu de musique à ce moment pour agrémenter l’instant. Un vin blanc des Marches dégusté face au coucher de soleil en écoutant une bonne musique n’est pas la punition la plus sévère que j’ai eu à subir…
Le déjeuner est un buffet et le repas du soir est servi à table par le personnel de l’établissement. Ces personnes montrent une disponibilité constante et un sourire permanent.
La première soirée est dite « du Limoncello » chacun peut s’y présenter en jouant un peu de musique et sera récompensé d’un verre de Limoncello fabriqué par la maison.
Des groupes constitués par tirage au sort lors d’une autre soirée, ont vingt minutes pour préparer et présenter un morceau de leur choix, soit un bon quart d’heure pour se décider et le reste du temps à tenter de mettre la chose en place ! Amusant non ?.
Et puis le jeudi soir, les trois « profs » nous gratifient d’un fabuleux concert. Ces trois là sont extrêmement talentueux : Victor Furtado joue du jazz en clawhammer ! Il repousse très loin les limites de cette technique que certains (en serais-je ?) considéraient limitée. Jacob Joliff est un mandoliniste à qui l’instrument ne semble rien pouvoir refuser. Ses prouesses techniques sont toujours au service de la pièce qu’il joue et de ses partenaires. Grant Gordy est capable de voyager loin avec sa guitare, sa façon de jouer n’est jamais démonstrative tant elle semble naturelle et spontanée. Depuis un thème que chacun reconnait, on s’échappe et on voyage. Bref, on n’est pas prêt d’oublier !
Il semble que Grant Gordy et Jacob Joliff préparent une tournée européenne en mai 2026, si ça passe près de chez vous, n’hésitez pas !
Samedi matin ! Le départ… retour du rituel d’arrivée, on s’embrasse et ciao, ci vediamo l’anno prossimo !
En résumé, voici un stage de très haute qualité pédagogique avec un effectif limité (10 stagiaires par atelier) , dans un cadre magnifique, un hébergement au top et une grande convivialité.
Un grand bravo et un immense merci à Martina et André, les organisateurs de cette semaine.
Je n’ai pas de conseil à donner mais, si vous êtes tentés, surveillez bien les annonces au début du printemps : les places sont rares et … pas chères !
