27-04-2020
Article rédigé par Claude Vue
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La traversée du désert (1930-1960)
Il ne faut pas croire pour autant que l’ancienne musique des Appalaches soit morte. Malgré le nouveau coup qui lui est portée par l'apparition du rockabilly dans les années cinquante, de nombreux montagnards comme la famille Watson de Caroline du Nord, les Ward de Virginie ou les Ritchie du Kentucky continuent de la pratiquer mais de façon presque clandestine et uniquement dans le cadre familial en ayant un peu honte.
La relève n'est plus assurée, les jeunes se tournent vers le rock ou au mieux vers le bluegrass, ils refusent de jouer une musique qu'ils considèrent comme ringarde et démodée. Tous ces éléments font qu'à la fin des années cinquante, la musique old time est considérée comme mourante, destinée à s'éteindre avec les derniers représentants qui ne sont plus de première jeunesse.
Le Folk revival et ses conséquences.
A la fin des années cinquante, on assiste dans le Nord des Etats-Unis et particulièrement sur les grands campus universitaires à un mouvement que l'on a baptisé depuis "Folk Revival". De nombreux jeunes intellectuels à la recherche de leurs racines découvrent avec la musique traditionnelle et avec l'old time en particulier une musique vraie, bien plus proche d'eux que la soupe aseptisée que leur diffusent à longueur de journées radios et télévisions.
Dès la fin des années cinquante, on va voir se développer des groupes dit « folk » dont le plus fameux sera le Kingston Trio qui fait un hit national avec «Tom Dooley ( Video ) », une vieille ballade de Caroline du Nord apprise de Frank Proffitt un chanteur et banjoïste traditionnel de cette région. Les plus entêtés vont jusqu'à faire le voyage vers le sud avec l'espoir de retrouver les vieilles gloires de la country des années vingt ou trente.
Le plus étonnant, c'est qu'ils auront, ou beaucoup de chance, ou beaucoup d'opiniâtreté car ils vont réussir dans leur entreprise au-delà de toutes leurs espérances et permettre ainsi à de vieux musiciens d'entamer une deuxième carrière. C'est le cas de Ralph Rinzler qui a redécouvert Clarence Ashley et a gagné le jackpot en découvrant du même coup Doc Watson.
S'il est un groupe de ces jeunes gens responsables du retour en faveur de la musique old time, ce sont sans aucun doute les " New Lost City Ramblers (video) " : Mike Seeger, John Cohen et Tom Paley qui sera remplacé dés 1961 par Tracy Schwarz. Ce ne sont pas des novateurs, ils se contentent de reprendre presque note à note les airs entendus sur les vieux 78 tours mais ils vont faire découvrir à toute une génération l'étendue et la richesse de la musique old time. Ils vont surtout donner à beaucoup de jeunes l'envie de jouer cette musique.
A la suite des New Lost City Ramblers, vers la fin des années soixante de nouveaux groupes vont se former, ce sont surtout de jeunes citadins, en général étudiants. Les plus fameux seront : " Hollow Rock Stringband ", " Fuzzy Mountain Stringband " et " Red Clay Ramblers " mais ceux qui ont le plus marqué la décennie soixante-dix, le plus prestigieux de ces groupes c'est sans doute " Highwoods Stringband " très influencé par Gid Tanner et les Skillet Lickers.
Les vieux maîtres vont être visités par une escouade de jeunes folkies avides d'apprendre à la source. On va voir sortir de l'ombre des musiciens aussi prestigieux que Tommy Jarrel (vidéo), Kyle Creed (vidéo), Fred cockerham (vidéo), Wade Ward (vidéo) ou autre Benton Flippen.
Comme preuve du succès grandissant de la musique old time, il faut également citer les festivals et les fiddlers conventions qui se multiplient d'années en années et où l'on voit se mêler les vieux musiciens encore vivants et les jeunes aficionados de plus en plus nombreux venant parfois d'aussi loin que l'Europe ou le Japon.
Les plus importants de ces fiddlers conventions sont Galax, Clifftop, Union Grove, Mount Airy mais il ne faut pas oublier le défunt Newport Folk Festival qui a permis dès le début des années soixante de voir sur une scène aux retombées internationales des gens comme Doc Watson ou Clarence Ashley.
La nouvelle musique old time
Elle va se développer à partir des années quatre vingt. On peut distinguer trois foyers principaux de « contamination ». Tout d’abord bien sûr, les Appalaches du Sud avec une prolifération de musiciens dans les régions de Lexington (Virginie) et Asheville (Caroline du Nord), dans le Nord Est avec l’université d’Ithaca (New York), la région de Boston (Massachusetts) et celle de Chicago (Illinois) et enfin l’Ouest avec San Francisco (Californie) et Seattle (Washington).
Grâce à de jeunes citadins qui lui ont redonné un sang neuf, la vieille musique old time des Appalaches est de nouveau bien vivante. Le plus important, c'est qu'ils ont donné à de jeunes montagnards l'envie et la fierté de rejouer la musique de leurs grands-parents, je pense plus particulièrement à Dirk Powell, Carol Elizabeth Jones (vidéo), Brad Leftwich et aux Frères Bing. Une nouvelle scène old time est en train de naître avec des musiciens influencés par le rock, le blues, le jazz, le calypso, le reggae ce qui donne à leur musique un son nouveau, des groupes qui ont pour nom : Red Hots, Horseflies, Chicken Chokers, Heartbeats ou Freight Hoppers certains ne craignant pas d’innover en ajoutant batterie et guitare électrique dans leur musique. La relève est assurée, c'est bien là ce qui importe le plus.
Dieu reconnaîtra les siens comme dit le proverbe !