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Publié : lun. juil. 19, 2010 7:57 pm
par grassmatinee
Nous parlons donc bien de la même chose à travers des expériences différentes, et dans un espace-temps presque semblable, mais dans lequel deux ou trois ans d'écart font de grandes différences. Et le bluegrass "canal historique" de Monroe ou des groupes de première génération me semblait, à moi aussi, terriblement ringard. Déjà que je croyais que les Country Gentlemen, dont on pouvait trouver, comme les New Lost City Ramblers, deux disques chez Chant Du Monde, étaient des traditionalistes de première génération! Les tablatures (auxquelles je suis réfractaire) ne sont venues qu'avec Marcel Dadi ou Pierre Bensusan, et heureusement, les platines magnétos à bande permettaient de ralentir...
Il m'aura fallu presque trente ans pour réaliser pleinement que ce que j'adorais dans le disque "Muleskinner" était du pur Monroe à peine modifié.

Et je me rends bien compte à quel point tout ça ne signifie rien pour les générations suivantes venues au bluegrass avec Lonesome River Band ou autres, sans parler de celles qui l'ont découvert avec Sierra Hull!!!
8)


PS. Ah oui, j'oubliais : autre tare, j'ai découvert le bluegrass avec des groupes français (Flingou, National Pigs ou Connection, puis Long Distance). Il m'a fallu attendre quelques années avant d'entendre mes premiers américains (Country Gazette à Cazals).

Publié : lun. juil. 19, 2010 9:09 pm
par GeoBar
J'y repense: j'avais aussi ces deux disques des Country Gents et celui (le seul disponible) des New lost City Ramblers ... et un de chez Folkways avec une quarantaine de plages très courtes "Banjo in the Scruggs style" ou quelque chose comme ça.

A propos des tablatures et de leur utilité : sur certains instruments ( mando, violon, basse : 4 cordes avec un écart constant), il n'y a pas 36 manières d'enchaîner 2 notes, la tablature est assez inutile. A la guitare, ça se complique. Sur un banjo, pour jouer un fiddle tune en style mélodique, ça commence obligatoirement par ½ heure avec du papier et un crayon ou Tabledit ou une tab déjà faite.

Découverte et générations

Publié : lun. juil. 19, 2010 9:09 pm
par Eric Allart
Intéressants vos parcours. J'ai 45 ans, j'ai découvert le bluegrass avec les Osborne brothers et le folkways des Country gentlemen vers 1976 prêtés par un oncle qui achetait ses Lp en Grande Bretagne. J'ai découvert la country en même temps et avec les années c'est devenu une obsession, recoller les liens, comprendre la chronologie, apprendre l'historique et explorer l'arbre, des racines aux bourgeons. Musicalement je dois faire partie d'une des dernières générations pré internet. Chaque Lp acheté souvent au hasard était un pari. J'ai affirmé mon goût avec des phases d'incrédulité. Comment Bob Wills et Monroe pouvaient ils avoir des liens ? Et pourtant ils sont nombreux.
Immergé gamin dans les cols pelle à tarte et les pattes d'eph, sans parler des cheveux longs, moi j'ai éprouvé un sentiment inverse : voilà des gens qui s'habillaient propres pour leur public, fascinant ! En plus qui tiraient la gueule, concentrés sur leur art plus que sur la caméra. Pour moi les ringards c'était les Rubettes et le glucose disco, suintant de vulgarité. Les chemises à carreaux de bucherons et la cravate retro avaient la saveur d'un monde perdu, rigoureux, digne et modeste. Plus tard j'ai mesuré que c'était aussi des attributs ultra réactionnaires. Mais pas que ça. Je crois que mon problème majeur est de ne jamais avoir collé aux modes de ma génération. Le bluegrass est une passion que j'ai vécu seul pendant des décennies. En causer ici avec vous est une chance.