GeoBar a écrit :
La tablature écrite par un autre n'est qu'une première approche du morceau: elle relie ce que l'on entend du "modèle" à ce que l'on devra entendre. Après avoir digéré la version de X, puis de Y ou Z, chacun est libre de faire ce morceau comme bon lui semble. .
Je pense, en me basant sur ma propre histoire et expérience dont le début remonte à l'époque où ces tablatures n'existaient tout simplement pas, qu'il est beaucoup plus productif d'écouter des versions différentes puis d'essayer de jouer quelque-chose qui, bien évidement au début sera un peu laborieux. Par après, à chaque fois que je me suis lancé dans l'étude d'une tablature, j'ai perdu énormément de temps à mémoriser (inutilement) le truc... et je suis capable de lire les tablatures et le solfège, mais ça ne me sert à rien sauf, parfois en jam jazz à jouer, "à vue", un thème pas trop compliqué alors que je ne l'ai jamais entendu. Là, ça dépanne. Mais dès le deuxième tour, je suis déjà très éloigné de ce qui est écrit.
J'en suis venu à être convaincu que les tablatures donnent l'illusion de ne pas devoir écouter les autres lorsque l'on prend son tour de solo.
GeoBar a écrit :Souvenons nous que "Nul ne peut improviser à partir de rien".
D'accord avec toi, mais ce n'est pas en apprenant des tablatures et des plans qu'on apprendra à improviser. C'est à partir de la compréhension d'une grille qu'on peut improviser... et, à nouveau, il faut écouter, écouter, écouter les sons produits par la pompe, y comprendre ce qui bouge, comment ça bouge, d'où ça part et où ça va. Quand c'est compris, le reste devient beaucoup plus facile. La tablature ne te fait rien entendre. Quant à des trucs "midi", style band in a box, c'est un excellent métronome évolué qui oblige à suivre. Mais aucun groupe ne jouera comme band in a box... donc, il faudra encore s'adapter.
Le mieux est d'avoir l'harmonie en tête et travailler ses impros tout seul dans son coin. De cette manière, toutes les formes d'adaptation vont arriver spontanément et on apprend à prolonger ses erreurs par une phrase qui tient la route parce qu'elle se termine "juste".
GeoBar a écrit :
Ce qui me gène, dans les rencontres, c'est le nombre d'exclus par le niveau de difficulté imposé par une "élite". Les exclus deviennent des déçus : les revoit-on, après ? Et l'on s'étonne qu'il n'y ait pas de jeunes qui viennent à cette musique, en France !
.
Là, on revient dans la discussion d'un autre sujet: si ça ne va pas dans un boeuf, on passe au suivant et, au besoin, on en crée un autre. Et je suis très à l'aise pour en parler car, avec d'autres (Pierre, Christophe, Pierre-Yves...), je suis de ceux qui participent autant aux slow jams qu'aux "speed jams"

. Le problème des musiciens les moins expérimentés, c'est que cela tourne souvent à la "récitation" de trucs appris en tablature avec le paradoxe que lorsque quelqu'un se trompe
par rapport à la tablature, même si ce qu'il a joué est musicalement juste et, même parfois très intéressant, il s'arrête, se confond en excuses et s'écarte pour retravailler cette p... de tablature si difficile.
Le bluegrass (et tous ses dérivés) admet et encourage les "variations" de thèmes. L'étude des tablatures est à l'opposé de ce principe de base. Penses-tu vraiment qu'en folk trad les jeunes américains lisent des tablatures pour s'intégrer dans les boeufs de soirée ? Ils font tout de mémoire et à l'oreille, les manouches, c'est pareil y compris les tout grands. En bluegrass aussi...
Je constate que parmi les ceux que tu désignes sous le nom d'élite, un certain nombre ne savent lire ni le solfège, ni les tablatures ! Et pourtant ils sont capables de tout jouer au pied levé, à la bonne vitesse et en improvisant même sur des morceaux qu'ils n'ont jamais entendu au paravent.