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Publié : lun. janv. 05, 2009 11:58 am
par JeePee
mandotof a écrit :
j'y comprends rien
C'est pas bien grave.
Allez... apprends quoi!
Re: Clinch Mountain Backstep, ça m'énerve!
Publié : lun. janv. 05, 2009 1:27 pm
par flatpickdude
coté guitare...et capo
c'est plutot majeur, en A, parce que je met le capo 2 et je le joue en position de G

Si c'était en Am je ne mettrais probablement pas le capo
bon, faut suivre la mélodie.
en solo, sur cette base, je me retouve plutot à mettre en avant la note de Do sur la partie A (surtout vers le début), donc mineur, et la note de Do# vers le début de la partie B.
coté accompagnement, guitare, je suis donc en position de G, mais celle qui efface la tierce. donc on n'entend quasiment que la tonique et la quinte.
rythmiquement, au début de B, je le pense comme ça : un tour de 4 temps, puis un tour de 5 temps, puis reprise. là aussi c'est la mélodie qui guide.
référence flatpicking : Clarence White et les Kentucky Colonels, Appalachian Swing, y avait du dobro ? Leroy Mac au dobro ?
La loi de la transmission orale
Publié : mar. janv. 06, 2009 1:36 pm
par Raffin
Ne pas oublier: ces musiques ont été jouées et transmises de manière orale. Ensuite, on a commencé à vouloir mettre tout cela en écriture et on a créé les modes. Ce n'est qu'une manière de faire participer des personnes qui ne "sortent" pas de cette musique. Pour les autres, il faut utiliser le mode "Jedi": fie-toi à ton instinct.
Re: Clinch Mountain Backstep, ça m'énerve!
Publié : mar. janv. 06, 2009 1:54 pm
par RésoMan
flatpickdude a écrit :... référence flatpicking : Clarence White et les Kentucky Colonels, Appalachian Swing, y avait du dobro ? Leroy Mac au dobro ?
Leroy Mack jouait sur ce disque bien qu'à l'époque il n'était plus un membre régulier des KC. C'est un excellent doboroïste.
Col.ResoMan
Re: La loi de la transmission orale
Publié : mar. janv. 06, 2009 2:25 pm
par JeePee
Raffin a écrit :Ne pas oublier: ces musiques ont été jouées et transmises de manière orale. Ensuite, on a commencé à vouloir mettre tout cela en écriture et on a créé les modes.
Je plaiderais pour l'inverse: ces musiques ont commencé par être jouées avec des instruments qui ne possédaient pas toutes les notes de la gamme chromatique et qui ont été obligés de s'adapter, une forme modale naissait ainsi "naturellement".
Par exemple, les harmonicistes qui veulent jouer un blues en Mi vont choisir un harmonica en La, ce qui va les conduire à jouer en mode Lydien... sans le savoir, en rajoutant (par dessus le marché) les altérations (overblow et autres...). Je me dis, mais je me trompe peut-être, que le banjo sans capo (avant qu'il n'existe) devait aussi être un peu limité et imposait un jeu modal dans certaines tonalités.
Les modes sont bien plus anciens, à la limite, les plus récents sont les modes ecclésiastiques qui datent, je crois, du XIVe siècle. Les plus anciens se perdent dans la nuit des temps de la musique africaine ou asiatique.
Tablatures, techniques, trucs et astuces
Publié : mar. janv. 06, 2009 4:51 pm
par isabelle
Dis donc Jee pee je suis très impressionnée par ce que tu racontes,
Sympat de savoir tout ça
Et ceci explique cela lalala
Vive la musique!!
Publié : mar. janv. 06, 2009 5:24 pm
par grassmatinee
Petite déviation, avec questions à la clé:
les musiques rurales à danser du type "old time" ou "irlandais" ou "Berry", etc, étaient jouées (en gros) à l'unisson, sans accompagnement et donc sans accords, non?
Quand on introduit la guitare (désolé, le Berry est éliminé sur ce coup-là), on introduit alors des possibilités multiples et variées d'harmonisation (c'est bien le mot?), et on trahit presqu' obligatoirement les origines (prendre "trahir" dans les 2 options possibles, positive comme négative).
8)
Publié : mar. janv. 06, 2009 7:58 pm
par JeePee
En fait, ce phénomène est général, mais il répond tout de même à cette mathématique qu'est l'harmonie et, par conséquent, les possibilités d'harmonisation ne sont pas très nombreuses puisqu'elles sont basées, en définitive, sur une adaptation du système tonal majeur-mineur (en gros, les gammes majeures et les gammes mineures)
Selon ma "bible" (Jacques Siron: "La partition intérieure", un ouvrage qui fait autorité dans le monde des musiques improvisées et qui totalise plus de 700 pages...), on apprend que le modalisme traditionnel est un système non-harmonique monodique, donc on n'y utilise qu'une seule voix et il n'y a pas d'harmonie, donc aucun accord. On y retrouve des musiques extra-occidentales mais qui constituent néanmoins les racines de la musique occidentale telles que le plainchant, les musiques populaires médiévales, mais aussi le blues archaïque. On parle de monodie modale.
S'y "oppose" une forme contemporaine de modalisme harmonisé, un système harmonique 100% occidental pratiqué par de nombreux compositeurs du XXè siècle (Fauré, Debussy, Ravel, Moussorgski...) ainsi que le jazz modal des années '60 (Miles Davis !!!). On parle alors de modalisme harmonique.
C'est donc de la rencontre de "souches" culturelles différentes qu'est né le fait d'accompagner avec des accords une mélodie simple, ce qui ouvre, par la même occasion, la porte aux polyphonies vocales si importantes dans le bluegrass.
La rencontre du blues et de la musique traditionnelle irlandaise s'est, probablement, faite, dans un premier temps, sous le "régime" de la monodie modale avant d'être harmonisée, passant ainsi sous le "régime" du modalisme harmonique.
Serait-ce le point d'articulation "old time / bluegrass" ? Je pose la question aux historiens du style.
Tablatures, techniques,trucs et astuces
Publié : mar. janv. 06, 2009 9:45 pm
par isabelle
Bien vos histoires!
Continue Jee Pee, sapristi! J'aime bien!
Vive la musique et vive le mélange des genres!
Publié : mer. janv. 07, 2009 9:50 am
par JeePee
Merci Isabelle
Ce qui est amusant dans ces systèmes modaux, c'est que plein de choses "compliquées" de l'harmonie sont abandonnées: finies les cadences (infernales), cette fameuse résolution V7 - I obligatoire dans la musique tonale, finie la hiérarchie des accords et leurs relations, finies les substitutions d'accord.... on pourrait même dire que la notion de tonalité disparait aussi... On évite tous les accords "à tension" (on n'utilise plus les degrés VII à cause de la quinte diminuée) et on favorise les degrés qui étaient considérés comme faibles ou secondaires dans la musique tonale (II - III - VI).
On va rechercher les "vieilles" gammes que l'on peut retourner dans tous les sens sans dommage et, en particulier, la gamme pentatonique (le fameux G-run de tonton Bill Monroe n'est rien d'autre que cette gamme pentatonique en sol). Elle nous vient d'Afrique...
On abandonne les "camions" d'accords des morceaux de swing ou, pire encore, du Bebop pour faire des morceaux entiers sur peu d'accords.
Ainsi "So What" (Miles Davis: King of blues) est composé de deux accords: Dmin7 pour la partie A et Ebmin7 pour la partie B. C'est tout !
La mélodie se développe sur le mode de ré dorien et mi bémol dorien, et le thème est exposé par la contre basse...
Le problème de la majorité des modes, c'est qu'ils sont d'origines africaines ou asiatiques dont la musique se développe sur beaucoup plus de sons que nos 12 sons "tempérés" occidentaux. Donc la majorité de ces modes sont impossibles à jouer pour nous avec nos instruments (sauf le violon et... le dobro...). Cette musique semblerait "fausse" à nos oreilles éduquées à entendre les sons de la gamme tempérée.
Pourtant on a réussi à "apprivoiser" l'une d'elles: c'est devenu la "gamme blues" (que Tonton Bill utilise dans le bluegrass) dans laquelle les "blue notes" permettent, en quelque sorte, de simuler des quarts de tons inexistants dans notre gamme, et d'ailleurs, on se tord tous les doigts sur ces notes pour les monter un rien plus haut (bent)...
La gamme blues n'est rien d'autre qu'une gamme pentatonique mineure (do - mib - fa - sol - sib) à laquelle on a ajouté un fa#. Les 3 blue notes (mib, fa# et sib) vont permettre d'entretenir cette ambigüité "pas-tout-à-fait-majeur-mais-plus-vraiment-mineur-quand-même" propre au blues.
C'est marrant de voir comment Tonton Bill, en inventant le bluegrass dans les années 50 a été, en quelque sorte, un précurseur puisque Miles Davis a inventé son jazz modal dans les années 60.
Allez... bon... là, j'exagère un peu, mais quand même...