27-12-2020
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Dimanche 27 décembre 2020, nous apprenions tous le décès de Tony Rice, pour la plupart d'une manière ou d'une autre par l'Internet.
S'il est des musiciens qui ont profondément changé le bluegrass, Tony Rice en faisait partie. Dans le bluegrass français, il a suscité une énorme inspiration.
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"Début juillet 1977, à Berne (Suisse). Plus exactement sur la colline du Gurten, au sud de la ville, à laquelle on accède par funiculaire. J’attends un « workshop » de musique bluegrass. Non pas pour participer, mais pour écouter et enregistrer.
Dans le cadre du « Gurten Folk Fescht », et avant de se produire sur scène, les musiciens américains donnent un atelier en plein air. Et quels musiciens ! Au banjo, Bill Keith, à la mandoline David Grisman, à la guitare Tony Rice, mes nouvelles idoles avec Peter Rowan. En plus ils ont avec eux un jeune violoniste avec trois poils au menton et des cheveux noirs frisés nommé Darol Anger. Ils attendent en vain des clients pour leur workshop et finissent par faire le show sur l’herbe, à un, deux, trois puis quatre musiciens progressivement.
Le magnétophone tourne (avec l’accord de monsieur Grisman). Je n’ai hélas plus la cassette, qui contenait aussi leur passage sur scène, et le concert du « Bothy Band » le lendemain. Mais là, dans l’herbe du parc, je prends claque sur claque ! Tout d’abord, ces types ne jouent pas que du bluegrass. Je le savais déjà pour Bill, mais je l’éprouve en direct, à 3 mètres d’eux.
Et la claque majeure, outre Grisman et la gestuelle particulière qui accompagne son jeu, c’est Tony ! Impassible, concentré et replié sur lui-même, il produit un déluge de notes incroyable, d’une précision millimétrée et d’un son parfait sans paraître bouger le moins du monde, à l’inverse des guitaristes que nous connaissons dans le genre.
Il est jeune, a un talent fou qui irradie, mais… ne sourit guère. Et alors ? Nous ne sommes pas là pour les sourires, mais pour la musique, et de ce côté, il n’y a rien à redire. Je sais (ou crois savoir) que ceux-là resteront mes maîtres toute ma vie. Le soir, sur la scène pendant leur set, Tony casse une corde et David et Darol attaquent dans un silence de cathédrale un instrumental qui ne ressemble à rien de ce que l’on connaît, et c’est l’extase dans le public (tout le public, pas que les amateurs de bluegrass) quand Tony les rejoint avec la contrebasse de Bill Amatneek pour le finale de « Opus twelve ». La « dawg music » fait sa première sortie en Europe ce soir-là de juillet 1977, et ma vie en est changée pour toujours musicalement."
Philippe Bony
"Je n'ai pas rencontré Tony Rice en France , je l'ai , par contre , rencontré 2 fois au Merlefest, la première en 1999. Je lui ai parlé dans mon franglais typique, je lui ai dit, comme tout guitariste en herbe, qu'il avait très certainement changé ma vie et il m'avait répondu avec sa voix rauque très abimée "I hope in better (J'espère en mieux)".
Loic Deschamps, un copain qui était avec moi nous a pris en photo Tony et moi, c'était juste avant un set de Tony Rice Unit sur une des scènes du Merlefest, il n'avait donc pas trop de temps, et surement la tête ailleurs.
La deuxième fois c'était en 2008, toujours au Merlefest, et cette fois là, je suis allé le voir après son concert, il avait du temps devant lui, il se détendait, et tous les fans de guitaristes "stars" étaient plutôt dirigés vers des gars comme Bryan Sutton. Donc j'ai eu le privilège d'avoir Monsieur Rice pour moi tout seul pendant un bon Quart d'heure, il était très sympa, et m'a parlé de sa venue en France, il se rappellai d'Angers et il m'en avait parlé.
La magie de cette musique c'est que tu peux te retrouver à discuter avec une big vedette sans barrières. Surement que le fait qu'on soit d'un autre pays et qu'on s'intéresse à cette musique, les touche. Il avait un jeu inimitable, le Django Reinhart du bluegrass pour moi, une perte énorme."
Jean Lacote
Tony Rice fut incontestablement le guitariste acoustique le plus doué et le plus influent de notre temps. Il était un génie du Flatpicking, un touché incomparable, un goût impeccable dans le choix des notes...
En plus d'être un guitariste exceptionnel, il était un très bon chanteur. Il fut le guitariste qui a su combler le fossé entre le jazz, la country, le bluegrass et le folk.
Combien sommes nous a avoir tenté de jouer certains de ses solos, a avoir travaillé son jeu en y passant des heures et des heures... je fais parti de ceux là, mais sans jamais y réussir, juste tenté de s'en approcher, de comprendre, mais la personnalité de Rice est forte et unique, tout comme ces prédécesseurs, Doc Watson et Clarence White.
Mais tout ce travail pendant des années a alimenté ce qui fait la personnalité de mon jeu de guitare aujourd'hui.
Tony Rice restera pour encore de nombreuses années un modèle pour une grande majorité de guitaristes acoustiques du monde entier.
Il est passé deux fois en France, en 1977 au festival de Courville sur Eure et en 1987 au festival d'Angers pour le plus grand bonheur du petit monde du Bluegrass Français.
Laurent Vue
La disparition de Tony Rice, c'est quelque chose que je ne pouvais m'imaginer. Je pensais tout bonnement qu'il était immortel, solide comme un roc tant il était "indéboulonnable "!
Malheureusement, je ne l'ai jamais vu en concert, à regret... RIP Tony.
Jean-François Tronelle
Actualité rédigée par Collectif
Dans une formation bluegrass, on trouvera le plus souvent une contrebasse acoustique à quatre cordes, exactement la même que l’instrument multiséculaire utilisé dans la musique classique. Mais c’est aussi le seul instrument bluegrass qui a le droit d’être électrique ! Il peut s’agir d’une contrebasse électrique, plus pratique à transporter, ou aussi une guitare basse électrique à quatre ou cinq cordes. On aperçoit même parfois un ukulélé basse !